Sachez que votre attention m’a touché, elle délivre un message. Des gens pensent à nous à l’extérieur. On a souvent l’impression d’être mis à l’écart, comme à côté de la réalité.

Après le parloir, je vais boire un café à la Maison des Familles. C’est pour discuter, débriefer avec vous, avant de reprendre le bus. Je me remets et ça se bouscule moins dans ma tête.

Mon fils vient d’être incarcéré. À qui dois-je envoyer la demande de permis ? Au procureur ? À la prison ? Ai-je le droit de lui envoyer des vêtements ?

Je lui ai raconté que vous nous recevez, nous, les familles, vous nous réconfortez avant et après le parloir. Il n’en revenait pas qu’on ne les oublie pas et qu’il y ait encore ce lien d’humanité avec nous, qui ne sommes pas des monstres.

Cette après-midi, un jeune homme entre dans la Maison des Familles avec un gros sac de vêtements. Souriant et affable, il explique qu'il vient de prendre 6 mois en semi-liberté, tout-heureux d'avoir évité de la prison ferme. Je n'ai pas de domicile fixe et le juge ne pouvait pas me laisser dehors comme ça. Maintenant, je vais chercher du boulot. Je repasserai vous voir, c'est trop sympa.

Ma mission pénitentiaire, c'est aussi une mission de garde, de réinsertion, préserver la personne détenue le mieux possible. On travaille beaucoup sur la prévention sucide, avec le service psy... Le quartier de préparation à la sortie, c'est aussi très important car c'est fait pour éviter les sorties sèches, synonyme de récidive.

On les nomme tous prisonniers mais il y a derrière ce terme une multitude de différentes peines, de causes de personnalités. Des gens très humains pourtant fortement déshumanisés, plein d'envies d'échanger.